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ROLEX FASTNET RACE 2023

Photo du rédacteur: sophie faguetsophie faguet

Dernière mise à jour : 17 sept. 2023

course mythique aux côtés de géants

De la Rolex Fastnet Race, je ne savais que l'édition hécatombe de 1979 que mon papa avait courue et qui avait été le sujet de tant d'émissions et d'écrits. Les suivis sur la carto des amis-es qui la courraient régulièrement et que je regardais avec envie. Même en Figaro je n'ai jamais contourné le rocher mythique. Je l'ai seulement touchée du doigt en 2021 lorsque nous en avons pris le départ avec l'équipage de Pintia. Malgré une très belle avant saison couronnée de succès et un équipage au top, notre participation a tourné court au bout de 40 minutes sur un croisement très chaud dans du vent et une mer aussi formée que cette année.


Alors à la question qui est revenue régulièrement sur le village de Cherbourg : qu'est ce que ça fait de courir sa première Rolex Fastnet Race ?


Je ne savais pas vraiment comment répondre. Si ce n'est que c'est un objectif sportif que je convoite depuis longtemps et que grâce à Sébastien MARSSET et son équipe, me voici co-skipper d'un Imoca sur une course incroyable.


petit projet et gestion du risque

Evidemment, mentalement, prendre à nouveau le départ dans des conditions de vent et de mer très forts, sur un bateau que j'ai découvert début juin... cela crée une certaine pression.

D'autant plus qu'à bord de ce projet à petit budget et à taille humaine, nous n'avons pas le droit à l'erreur en terme de casse matérielle. Une pression supplémentaire pour nous sur l'eau mais aussi pour l'équipe à terre.

Notre objectif sur cette course : ramener le bateau et les marins entiers, en parfait état de fonctionner et valider notre qualification pour la Transat Jacques Vabre.

Le point positif de ce fonctionnement : la sobriété heureuse on connaît.


un depart qui a tenu toutes ses promesses

Malgré le fait que la catégorie Imoca partait en seconde salve après les multicoques, il y avait déjà du monde sur la zone ! Il faut s'imaginer les 30 Imocas à dérives ou à foils faire des aller-retour patiemment le long de l'île de Wight en slalomant entre bancs de sable, balises et plus petits concurrents.


13h00 : départ des Multi et début de notre procédure de 15 minutes.

Nous y étions, proches de la ligne, dans la meute, pressés d'en découdre, concentrés à 400% sur notre premier objectif : faire simple, efficace, sortir du solent en entier.

Nous avons choisi de décroiser la flotte très tôt afin de mieux pouvoir gérer soit les croisements avec nos adversaires, soit l'approche de la côte #pingpong. Après un paquet de virements, un match serré avec quelques bateaux tels que MACSF, nous nous sommes retrouvés entourés de VOR65 pour la sortie vers les Needles. Effectivement, la plupart de nos adversaires avaient choisi une échappatoire plus proche de la côte que nous nous étions interdit. Nous avons préféré sortir par la grande porte de ce chantier et pointer notre étrave vers le sud.

Quel sentiment de dingue de passer les Needles dans 35 noeuds de vent avec une mer démontée après avoir bataillé comme des lions les deux premières heures. Galvanisant.


PREMIERE NUIT : PREMIER FRONT

Nous avions choisi le large pour éviter trop de perte aux virements dans le vent fort et les obstacles que constituent les premières pointes de la côte sud Angleterre. Et bien nous avons été servis.

C'est sans doute LE point qui va me demander le plus de travail d'adaptation finalement. Fini les batailles de virements au ras des cailloux, les changements de voile ultra rapides comme en Figaro. Ici quand tu décides de faire une manoeuvre, le poids dans la balance de la perte est bien plus important. De même que le choix de la voile suivante. Une fois que c'est fait, c'est fait. Une petite contrainte supplémentaire dans notre projet : la pérennité ! Les 3/4 des voiles de notre garde robe ont déjà beaucoup de milles au compteur et doivent encore courir la TJV... Alors ce paramètre préservation rentre aussi en jeu et limite un peu plus nos possibilités. Cependant, ce facteur n'est pas irrémédiable jusqu'au Vendée Globe de Sébastien, il reste de la place à bord même pour la transat Jacques Vabre 😉


Strategie à l'aveugle et duels au soleil !

Après le fameux front, nous voici de retour à la côte dans la baie de Lyme. Nous comptons les points avec le retour de nos adversaires sur la cartographie. A start point, nous nous retrouvons un peu coincés sous groupe Setin. Nous revoici partis pour le large sans y croire réellement. La prochaine fois, nous devrons être plus incisifs !

Lizard point, dernière pointe avant Lands End ça bataille sec avec Setin, Fives, Freelance... Et même Hublot et DMG Mori, foilers de leur état !


Au bout du bout de la Cornouaille, nous choisissons de ne pas trop nous approcher de la côte pour éviter le tampon. Nous faisons de la route en plus mais nous sommes plus rapides. Au final, nous enroulons Land's End devant notre groupe et pouvons envoyer plus tôt notre voile d'avant pour un court bord afin de déborder le DST (zone interdite où évoluent les bateaux de commerce) ! Quel bonheur d'accélérer un peu et quelle suée pour un bord si court, nous avons à peine eu le temps de profiter de la beauté du paysage !


Moment suspendu : Sunrise sur le Phare du Fastnet !

La suite, pour la traversée de la mer celtique, c'est un long bâbord afin d'aller chercher une grosse rotation de vent qui nous amènera en tribord au tant convoité phare du Fastnet !

Scénario réalisé sans encombres, nous reprenons du vent, le bateau file à toute vitesse de nuit au reeching. Fives nous dépasse en vitesse pure, c'est le jeu...

Qu'importe, au lever du jour, accompagnés par un Vor65, nous distinguons l'impressionnante silhouette de ce phare planté sur son caillou au milieu de nulle part, ça fait son petit effet !

Trève de contemplation, c'est reparti pour un coup de chaud, nous avions préparé le petit spi sur le pont, mais vu le dévent de la côte, nous basculons sur un plan grand spi : branle-bas de combat, tirage de poids mort sur le pont, regréage, hissage, déchaussettage, empannage et nous revoici en 2 temps 3 mouvements au contact de Freelance, ça valait le coup de s'énerver !

Tout schuss vers l'arrivée...

Nous voici en speed test pour un long moment, au portant et dans un vent forcissant.

Ca gagne pour nous avec le grand spi jusqu'au moment où le vent forcit trop... 22-23 noeuds, ça file, mais cette belle et vieille voile doit encore nous servir pour la TJV et nous sommes clairement en haut de sa plage d'utilisation. Il faut changer. Pensant passer au Nord des scilly, nous optons alors pour le petit gennaker. La manœuvre est longue, les adversaires que nous avions distancés reviennent vitesse grand V, c'est frustrant !!



... ou droit dans le mur

Une fois envoyée, le bateau accélère, bien stabilisé les performances sont meilleures c'est un bon choix... Jusqu'à ce que le vent ne tourne un peu trop en notre défaveur et nous projette droit dans un mur : le DST. Pour passer en-dessous il aurait fallu le petit spi. Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer. Nous nous appliquons, mais deux empannages plus tard, nous savons déjà que nous avons perdu beaucoup de terrain sur nos concurrents directs.

Que c'est dur à encaisser.

Pour autant, l'arrivée nous tend les bras, nous rechangeons de voile pour le dernier bord et c'est reparti pour de longues glissages dans 17-22 noeuds de vent, au soleil, dans une belle houle et dans un paysage magnifique : le sud des îles scilly. Pour nous consoler, nous retrouvons l'équipe Oliver Heer, quasi notre sister ship, nouveau duel en perspective qui n'est pas pour nous déplaire !

Les écarts s'allongent, rétrécissent, les milles filent, l'arrivée se rapproche et nous tenons le rythme.


LE RAZ BLANCHARD A CONTRE COURANT

Nous avons la renverse de courant à anticiper pour aborder le raz Blanchard sans être vraiment certains des conditions de vent qui nous attendent. Nous optons pour un petit passage censé nous protéger du courant à Aurigny : le Swinge, et bien nous y constatons tout l'inverse... Nous prenons quelques notes sur ce fâcheux constat et nous penchons sur le dernier dilemne de cette intense course.

Il nous reste 2-3 heures de navigation avant d'entrer dans la grande rade de Cherbourg, nous savons que la fin se jouera au vent arrière. Le vent est trop fort pour le grand spi, et le petit ne suffira pas lorsque le vent mollira. Mais faut-il lacer une manoeuvre qui nous fera perdre du temps ? Quel sera le gain ? Quel est l'enjeu ?

Ce n'est pas l'énergie qui nous manque mais le choix : nous nous interdisons le grand spi pour le préserver et finalement n'envoyons pas le petit pour éviter la perte immédiate de terrain.

Le classement Imoca est joué, alors nous nous faisons plaisir en matchant les derniers bords avec le catamaran Lodigroup. Un coup toi un coup moi, nous passons devant à quelques longueurs.

La ligne d'arrivée est franchie, le comité d'accueil est là. Malheureusement nous ne pouvons nous amarrer au port de Cherbourg car nous devons faire route aussitôt vers le port d'attache du bateau en Bretagne Sud. Nous embarquons Mathieu le boat captain du bateau et repartons en sens inverse.


Nous terminons la course en 2 J 17 H 54M 07S

Place 21èmes/30 et 5ème bateau à dérives

Nous sommes qualifiés pour la Transat Jacques Vabre 2023


Nous tenons à remercier notre équipe, nos partenaires, les organisateurs de la course et tous nos supporters qui nous ont encouragé sur les quais à Cherbourg ou via les réseaux.


Prochains RDV :

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